(N’Djaména, 12.05.2015) – Selon un communiqué de l’Élysée, le Président François Hollande s’entretiendra avec le Président Idriss Déby Itno le jeudi 14 mai 2015 à 17h30.

Officiellement, il s’agit d’une visite de travail en France sur la situation au Sahel, plus particulièrement la crise en Libye et sur la lutte contre la secte nigériane Boko Haram, mais selon certaines sources, Paris s’inquiète aussi pour Idriss Déby, l’allié contre le djihadisme du Sahel.

En effet, lors des dernières manifestations au Tchad, les observateurs les plus avisés ont constaté que la pression de la rue devient de plus en plus forte dans notre pays, et le dictateur tchadien ne disposant d’aucun baromètre social car souvent isolé par ses proches et très mal informé sur la réalité quotidienne de ses concitoyens, ne lâche rien et ne croit qu’en la force de sa machine de répression et la puissance de son armée.

Des protestations, en particulier des jeunes, sont devenues une perturbation de plus en plus fréquente à N’Djamena et dans les autres villes du pays. En Mars 2015, l’application d’une nouvelle loi obligeant les motocyclistes à porter un casque, a provoqué un intense cycle de manifestations qui ont conduit à plusieurs morts et à la fermeture des lycées et des universités.

Lors de ces manifestations, les policiers et les gendarmes du régime ont souvent tiré à balles réelles pour maîtriser la situation, tuant ainsi plusieurs manifestants et en blessant d’autres. Tout le monde se rappelle de cette vidéo montrant des policiers de la GMIP en train de torturer sauvagement des élèves après une manifestation, qui a provoqué l’indignation de la société civile et de l’opposition politique.

Le fardeau est devenu trop lourd à porter, les tchadiens n’en peuvent plus et commencent à ne plus avoir peur de la répression, ce qui s’est passé récemment à Kyabé dans le sud du pays illustre parfaitement la situation et montre un ras-le-bol général dans le pays. Même si le régime a pu colmater les brèches par la terreur et à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes, la cocotte-minute risque d’exploser à tout moment.

Selon un récent rapport publié par « Combating terrorism Center » sous le titre Chad: A precarious counterterrorism partner (Tchad: un allié précaire contre le terrorisme), les succès de la lutte antiterroriste du Tchad masquent certains faits troublants. La réalité politique la plus saillante est que le Président Déby dirige un régime autoritaire qui repose sur le clientélisme et la répression pour sa longévité. La politisation et le favoritisme dans les forces armées tchadiennes crée également des points de préoccupation. Le Président Déby utilise toute la richesse pétrolière du Tchad pour financer la sécurité de son régime en se basant sur son clan. Diplomatiquement, les relations internationales du Tchad sont potentiellement volatiles parce qu’elles comptent sur les relations personnelles du Président Déby avec les autocrates voisins tels que Oumar El-Béchir du Soudan. Selon le rapport, ces moteurs d’instabilité à long terme font que le Tchad reste très fragile, et un certain nombre de déclencheurs à court terme pourraient faire basculer le pays dans une crise politique. Et une crise au Tchad pourrait pousser toute la régionale dans la tourmente, avec de graves conséquences pour les stratégies et les opérations antiterroristes régionales en Afrique centrale et occidentale. Les États régionaux et les partenaires internationaux qui luttent contre le terrorisme doivent donc rester très vigilants.

Après le départ très rapide de Blaise Compaoré chassé par la rue Burkinabè, les conseillers Afrique du Président français semblent être très inquiets face à la crise actuelle au Tchad. Il y a de quoi, quand on voit défiler tous ces leaders politiques de l’opposition tchadienne qui débarquent ces derniers temps en masse à Paris avec des rapports et des mémorandums de toutes sortes.

©TchadConvergence
Convergence pour une Émergence Citoyenne au Tchad

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