Les bénéficiaires

 

Selon nos sources, le président tchadien Idriss Deby Itno vient de signer un nouveau contrat de vente du pétrole tchadien. Les heureux élus sont les frères Julien et Patrick Balkany. Pour obtenir ce contrat, les Balkany ont crée une société, sans aucune expertise dans le domaine de la vente du pétrole. De plus, M. Patrick Balkany s'est entouré pour cette lucrative affaire de ses conseillers de la mairie de Levallois-Perret et d'un certain Cyril. Depuis que cette affaire est dans les tuyaux, ils sont devenus des habitués, presque des visages familiers dans les couloirs du palais présidentiel tchadien. Vaste escroquerie bien maquillée ou contrat gagnant-gagnant pour le Tchad? Tout compte fait, les Balkany ont réussi leur coup en faisant croire au président Idriss Deby Itno qu'il a affaire à une société pétrolière de Vente dont Patrick Balkany est l'intermédiaire. Mais ce contrat ressemble plutôt à une escroquerie. A qui la faute? Sinon au président tchadien compte tenu de la légèreté avec laquelle lui et ses plus proches collaborateurs traitent les dossiers. Il est de leur devoir de savoir à qui ils ont à faire. A qui on peut confier les intérêts tchadiens, surtout dans ce domaine. Il y a des sociétés bien connues qui ont une carte de visite plus propre que celle des Balkany. L'élu français et ses amis affirment que dans cette affaire les deux présidents (Deby Itno et Nicolas Sarkozy) ont leurs parts. Simple déclaration fanfaronne pour intimider certains Tchadiens et Français, opposés à ce contrat? Ou c'est l'assurance d'une cupidité ficelée en haut lieu? Toujours est-il que les pratiques de M. Patrick Balkany rappellent la récente affaire des mallettes du chantre de la Françafrique, Robert Bourgi.

 

D'autres sources proches de la Société Tchadienne des Hydrocarbures (SHT) et de la Présidence tchadienne disent que le contrat a été signé sur insistance du président Deby Itno malgré le désaccord d'un ancien dirigeant de la SHT. En réalité, dans les hautes sphères du pouvoir tchadien, personne ne peut raisonner le Raïs (le président). "Tout le monde fait semblant. Personne ne fait quelque chose. Personne ne parle. Pas un mot. Rien. C'est tout". Une autre source renchérit que "le président ferait la fierté du Tchad en vendant la part du brut tchadien dans la transparence. Comme, d'ailleurs, il l'a toujours clamé. Malheureusement, il a succombé aux charmes des frères Balkany. En leur accordant le contrat, il pense se rapprocher de Nicolas Sarkozy. Mais c'est une erreur grave. Et bientôt ça sera: bonjour les dégâts!".

 

Deux raisons expliqueraient pourquoi le président tchadien a préféré les frères Balkany. La première raison, c'est qu'il se murmure au palais Rose et à l'Élysée que Deby Itno veut à tout prix se racheter. Il veut faire oublier son soutien aveugle à l'ex-régime du dictateur libyen, Mohammar Khadafi. Surtout que depuis cette borde, le président Français dit en privée que son collègue tchadien est un ingrat faisant référence au soutien de la France, dans des moments critiques, au régime tchadien. La seconde raison, c'est l'attitude méfiante, voire hostile des dirigeants du Conseil National de Transition (CNT) libyen. Malgré les efforts de rapprochement de N'djamena, le CNT garde ses distances. Une menace dans le psychique guerrier du soldat Deby Itno. Alors que faire? Amadouer Sarkozy ou son entourage en ces temps des révolutions. Le choix s'est donc porté sur les Balkany, de surcroit ami de Sarkozy. Deby Itno pense acheter la bienveillance et la protection du président Français. Et si par malheur, il arrive que la France change de président en mai 2012, il fait sien ce dicton: "les États n'ont pas des amis, ils n'ont que des intérêts". Ainsi, le prochain locataire de l'Élysée n'aura d'autres choix que de le protéger. Rien n'est sûr. Ni avec l'actuel président, ni avec le futur chef de l'État.

 

Autres précisions: Bien avant ce contrat sur la vente du pétrole, le site Tchadactuel, relayant en mai 2010 des informations publiées par le journal satirique français « le Canard enchaîné », révélait que le président Deby Itno et l'ambassadeur du Tchad en France, Hissein Brahim Taha ont organisé un vaste détournement des revenus pétroliers. Dans le même article, il était aussi question de la rénovation de l'ambassade du Tchad à Paris par une société créée par M. Patrick Balkany. Cette entreprise a acquis le marché pour la rénovation de l’Ambassade du Tchad à Paris. Dans une de ces sorties médiatiques, l'association Survie dénonçait les agissements du Maire Balkany. Les magistrats de la chambre régionale des comptes d'Ile de France ont fait d'étonnantes trouvailles; par exemple des surfacturations. Ils ont aussi découvert une société immobilière contrôlée par la ville de Levallois, sans aucun lien avec l'expertise de la municipalité.

 

Personnage sulfureux

 

A cette question, qui est Patrick Balkany? Réponse claire : c’est le Maire de Levallois-Perret et député de Hauts-de-Seine. Mais c'est une personnalité controversée de la palpitante scène politique française. Balkany "le sulfureux" c'est le qualificatif des médias de l'hexagone à cause de ses fréquentations et de ses multiples condamnations par les tribunaux.

 

Rappel des faits: dans les années 90 et 2000, Patrick Balkany a été condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre à 15 mois de prison avec sursis. Plus 200 000 francs d'amende et 2 années d'inéligibilité. La raison? Il avait rémunéré aux frais de la Mairie de Levallois 3 personnes comme des employés municipaux. Mais en réalité ils ne l'étaient pas. Ils s'occupaient plutôt de son appartement et de sa résidence secondaire. C'était donc des emplois fictifs. Le tribunal l'oblige alors à rembourser à la ville de Levallois-Perret. Son épouse Isabelle Balkany vice-présidente du Conseil général de Haut-de-Seine et conseillère à Levallois-Perret, est condamnée à la même peine pour prise illégale. Les Balkany interjettent appel mais le jugement est confirmé par la plus haute instance, le Conseil d'État. En 2003, il diffame Annie Mandois, élue communiste. Le jugement tombe, il est coupable d'injure publique envers une élue. Il est condamné à 1 500 euros d'amende. Tenace, il fait appel devant La Cour d'appel de Versailles. La cour confirme le premier jugement. Il est coupable. Patrick Balkany est une personnalité sulfureuse. Un abonné des tribunaux. Aujourd'hui, il brasse des affaires avec l'État tchadien. Il fouine dans cette contrée où les lois sont piétinées. Rien n'est respecté. Un pays où les autorités sont d'une incompétence à faire pleurer. Confier la vente du pétrole tchadien à cette personnalité est une erreur. Pire, c'est une faute grave.

 

Mahamat Sardaouna Sockoto