François Hollande, dans son bureau de l'Assemblée nationale, le 12 octobre 2011.

François Hollande, dans son bureau de l'Assemblée nationale, le 12 octobre 2011. V. WARTNER / 20 MINUTES

POLITIQUE - Avant le second tour des primaires, 20 minutes interroge les deux candidats...

A quelques heures du dernier débat et à la veille de son grand meeting qui aura lieu jeudi au Bataclan, François Hollande a reçu «20Minutes» dans son bureau de l’Assemblée. Une discussion franche où transparaissent deux ambitions: remporter les primaires et rassembler la gauche pour gagner en 2012.

Vous êtes arrivés premier, pourtant, les partisans de Martine Aubry crient victoire depuis dimanche soir....
C’est un grand classique dans une campagne. Il est rare quand on termine second de prétendre que l’on a perdu. Mais c’est difficile de prétendre que l’on a déjà gagné. Près de 40%, 9 points d’avance, plus d’1 million de voix sur ma candidature. Ce sont des signes de dynamique.  J’ai été capable de fédérer, de rassembler, les classes populaires, les quartiers plus favorisés. Ce sera le rôle du prochain président : fédérer, réconcilier, rassembler.

Chez vos adversaires, on affirme qu’il serait logique que les électeurs de Montebourg se tournent vers Aubry.
Les électeurs sont libres. Ils entendront sûrement les appels à voter mais ce sont eux qui doivent juger sur un seul critère: qui peut rassembler et battre Sarkozy.Préempter leur voix parce qu’il y aurait des similitudes de thèmes, que je revendique aussi, ça voudrait dire que les électeurs sont captifs.  Alors que leur vote est souverain.

«Quand on vient me chercher sur la gauche, on me trouve»

Vous êtes attaqué sur votre mollesse, comment le prenez-vous?
Dans un débat interne, ces phrases seraient anodines, mais devant tous les Français, elles risquent d'affaiblir, non pas un candidat mais la gauche! Mon parcours est la meilleure preuve de ma capacité. Je n’étais pas favori il y a 6 mois et je suis sorti en tête. J’ai traversé des épreuves. Je n’ai été servi par personne. Seulement, quand on vient me chercher sur la gauche, on me trouve. Je suis de gauche depuis mon premier âge de citoyen. Je me suis présenté aux élections dans un département difficile (la Corrèze) qui était une chasse gardée de la droite et pas n’importe quelle droite. J’ai été premier secrétaire pendant 11 ans et je n’ai jamais cédé à quelque sirène centriste.

Quand un de vos soutiens, Aurélie Filippetti, parle d’Aubry en la qualifiant de « candidate de substitution, » n’est-ce pas votre camp qui passe à l’attaque?
Que Martine Aubry ait été liée par une alliance de congrès avec Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn n’est un secret pour personne. Ce n’est pas indélicat de dire que DSK voulait être candidat et que Martine Aubry le soutenait. C’est une réalité que DSK a lui-même souligné.

«Pas le droit d'échouer en 2012»

Vous tenez à garder votre ligne mais cette semaine, vous parlez plus de mondialisation, vous vous déplacez dans des villes qui n’ont pas voté pour vous. Changez-vous de cap?
J'ai compris ce que les électeurs ont signifié par leur vote. L’électorat urbain veut se sentir mieux représenté. Les questions de logement sont pressantes, les questions de transport publics aussi. Rendez-vous compte, sur la ligne D du RER, il y a plus de passagers chaque jour que sur l’ensemble des lignes TGV. Sur le logement, si je suis élu,  je prends l’engagement de libérer du foncier. Tous  les terrains appartenant à l’Etat seront cédés à l’euro symbolique aux collectivités locales ou aux bailleurs sociaux qui s’engageront sur un programme de construction avec comme principe la mixité sociale.

Vous revendiquiez depuis 2008 votre liberté. Vous voilà obligé à nouveau de faire la synthèse des courants du parti, de faire cohabiter Valls et Montebourg…
La liberté m’a permis d’arriver premier. Pour gagner dimanche prochain, je mets cette liberté au service de l’unité. Je dois être moi-même et prendre ce qu’il y a de meilleur chez chaque candidat. Moi, je sais rassembler, et beaucoup plus largement que ceux qui ont prétendu pouvoir le faire et qui vont constater leur isolement. Je dois faire en sorte que ma victoire soit la victoire de tous. Et pas simplement de l’un contre l’autre.

Cette période est-elle la plus enthousiasmante de votre vie politique?
C’est la période la plus cruciale de ma vie politique. De la décision des électeurs aux primaires dépendra mon avenir et le leur. Surtout le leur. Nous n’avons pas le droit d’échouer en 2012.

 Matthieu Goar et Maud Pierron
Tag(s) : #INTERNATIONAL
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