Gaëtan Gorce, sénateur PS de la Nièvre, est candidat au poste de premier secrétaire avec Juliette Méadel. Il dénonce les motions, mais pourrait pourtant en déposer une pour faire pièce au texte de Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault, trop "centriste" à son goût. Interview. 

 


Gaëtan Gorce: "Au PS, les motions ne servent qu'à préserver les clans"

UNIVERSITE D'ETE DU PS (LA ROCHELLE) - Le sénateur PS de la Nièvre Gaëtan Gorce, 53 ans, est candidat au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste, en "co-direction" avec Juliette Méadel, conseillère municipale dans le XIVe arrondissement de Paris.

afp.com/MEHDI FEDOUACH

Cette université d'été du PS a-t-elle un goût particulier pour vous, quelques mois après les victoires électorales de votre camp?

C'est toujours plus agréable de se réunir dans un contexte de victoire, surtout après dix années passées dans l'opposition. Nous sommes toutefois conscients des difficultés qui nous attendent. Je souhaite ardemment que nous discutions de la place du parti, mais cet appel a reçu un écho limité auprès de la direction. 

Justement, quelle place pour le PS aux côtés du gouvernement? Quel est son rôle?

On sait ce qu'il faut éviter. La période 1981-1988 a été très difficile pour Lionel Jospin, alors premier secrétaire, parce que le PS n'était pas associé aux débats du gouvernement. Aujourd'hui, le parti doit jouer le rôle de défricheur d'idées, anticiper les rendez-vous, dans le dialogue et l'échange. Mais pour qu'émerge une nouvelle pensée, il faut s'en donner les moyens et réorganiser le parti. Cette question peut sembler secondaire, mais elle reste un préalable indispensable.  

Quelles lignes doit suivre cette réorganisation?

Le parti ne doit pas se montrer frileux, il doit se tourner vers les Français, comme lors des primaires. Le repli n'est jamais la bonne réponse. Il faut accorder plus de pouvoir aux militants, élire directement le premier secrétaire du parti et affaiblir les motions. Ces motions ne servent qu'à préserver les clans, c'est en leur nom que les responsables se répartissent les postes à l'heure actuelle. C'est le moment de changer nos mécanismes qui ont démontré leurs faiblesses.  

Vous avez déposé une contribution co-signée avec Juliette Méadel dans laquelle vous exposez votre démarche. Vous vous êtes portés candidats, ensemble, à la direction du PS. Déposerez-vous aussi une motion (avant la date butoir du 12 septembre) au nom de la nécessité d'avoir un débat, face au texte de Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault?

Ce serait évidemment un paradoxe pour nous, mais on va en débattre. Cela dépend de ce que la direction est disposée à entendre. Pour l'heure je suis assez inquiet de la réponse apportée par la direction qui approuve le principe du renouveau... sans faire de proposition concrète. 

La motion centriste réunit tout le monde sans rien trancher et dit "oui au changement mais pas trop" 

Cela dépend aussi de notre capacité à regrouper ceux qui veulent faire bouger les lignes. Il ne s'agit pas d'entamer un rapport de forces mais un rapport d'idées, face à une motion centriste qui réunit tout le monde sans rien trancher, qui hésite et qui dit "oui au changement mais pas trop".  

Quel changement de fond espérez-vous?

 

Il faut rompre avec cette pensée de l'entre-deux qui reste conservatrice. Plus de démocratie et plus d'écologie sont, je le crois, les ingrédients pour transformer le parti, revaloriser la coopération et la solidarité, et mener la bataille intellectuelle face à l'hyperlibéralisme. Un gros travail intellectuel nous attend. 

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