Le journaliste et blogueur tchadien Makaïla Nguebla poursuit depuis Paris son plaidoyer contre le régime d'Idriss Deby. Il se bat depuis plusieurs années pour l'enracinement d'une culture démocratique au Tchad afin de favoriser et promouvoir le respect des droits de l'homme et des libertés.

Le 5 décembre, il est intervenu aux côtés de Patrick Farbiaz (association Sortir du colonialisme) et d'Issa N'Diaye, ex-ministre malien et fondateur du Forum civique Mali, lors d'une conférence de presse organisée par l'association Survie, en marge du Sommet de l'Elysée. Makaïla Nguebla, qui a récemment obtenu le statut de réfugié politique en France grâce aux soutiens du député Noël Mamère et du ministre Pascal Canfin, a par ailleurs rencontré le député tchadien Gali Ngothé Gatta fin novembre à Paris.

Les deux hommes ont, entre autres, évoqué une formation à la cyber-sécurité dispensée par le département d'Etat américain à des députés de l'opposition tchadienne dont les boîtes e-mails seraient surveillées depuis plusieurs mois.

Makaila Nguebla, demande donc à la France de « se démarquer de Déby« . Réfugié politique en France depuis son expulsion du Sénégal, Makaila ne cherche évidemment pas à donner des leçons, ni de « confrontation avec Paris« , mais cet opposant estime que « la France a le devoir de lâcher Idriss Déby« . Mais la realpolitik a la vie dure, même sous François Hollande, qui avait pourtant promis d’autres types de relations avec l’Afrique. Paris est en effet obligé de composer avec N’Djamena au moins pour  trois raisons. Tout d’abord Paris a fortement besoin des soldats tchadiens au Mali, où François Hollande souhaite se désengager petit à petit. La France compte aussi sur l’argent tchadien pour financer la coûteuse opération malienne. Enfin, Paris voit le Tchad comme une pièce maîtresse dans sa lutte anti-terroriste contre les djihadistes de l’arc sahélien (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan). En dehors de N’Djamena, le dispositif militaire français au Tchad est présent dans trois bases au centre et au nord du pays, à Abéché, Faya-Largeau et Zouar. A défaut de changer rapidement de paradigme vis-à-vis du Tchad, François Hollande devra tout de même veiller à son embarrassant allié en Centrafrique. Un retrait des militaires tchadiens, un temps annoncé et qui peine à devenir réalité, s’avère aujourd’hui plus qu’urgent. Paris doit rapidement prendre des mesures, au moins pour apaiser les tensions.

Tag(s) : #TCHAD
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