A la fin de chaque entretien avec tous ces leaders, les diplomates américains rédigent un petit commentaire à l’attention de leur gouvernement, qui résume leur analyse du discours et de la personnalité du leader.


SUR SOUBIANE
Il nous a paru détendu et vraiment déterminé à explorer son passé politique et son avenir. Il nous a paru bien informé et capable de nuances dans son analyse, qu’il s’agisse de ses amis politiques ou de ses ennemis. Sur son ralliement au régime Deby, nous pensons qu’il était parfaitement conscient que la rébellion Tchadienne était en déclin et a calculé au mieux de ses intérêts et a choisi d’être du côté gagnant avant qu’il ne soit pas trop tard.


SUR MAHAMAT NOURI ET ABAKAR TOLLI
Durant tous ses entretiens, Nouri a fait montre d’une démarche académique, expliquant avec des références historiques les problèmes politiques tchadiens, en se référant particulièrement à la zone Nord. Il a montré beaucoup d’enthousiasme à nous rencontrer des représentants du gouvernement américain et est disposé à rencontrer tout envoyé même en dehors du Soudan tout en précisant qu’en se déplaçant, il prenait des risques pour sa sécurité. Il a affirmé que Soubiane et Tolli pouvaient nous rencontrer aussi et qu’il partageait avec eux les mêmes points de vue tels que présentés par l’Alliance Nationale. Le Tandem Nouri et Abakar Tolli se voue un respect mutuel et partage des points de vue communs sur la situation politique du Tchad. Nous n’avons pas rencontré des hommes haineux, comme ce fut souvent le cas.


SUR TIMANE ERDIMI
Il a été mieux installé par les autorités soudanaises dans une belle villa, bien plus que le petit appartement qu’il occupait avant son départ pour Tripoli (pour les négociations avec le régime Deby). Il a passé sous silence le fait que les Soudanais ont posé des restrictions à ses déplacements. Malgré sa rhétorique pro-arabe, Timane Erdimi a discrédité et essayé de dénigrer en dépréciant les compétences de Nouri et Soubiane. Il croit que parmi les principaux leaders de la rébellion, seul lui est qualifié, compétent pour diriger le Tchad. De plus, dans une solution de partage du pouvoir qui maintiendrait Deby au pouvoir, lui continue à réclamer le poste de Premier Ministre et dans l’hypothèse où Deby perd le pouvoir, Erdimi aspire à le remplacer.
Voici son raisonnement : Le départ de Deby provoquera un grand chaos et quand l’Alliance Nationale dit que l’arrivée au pouvoir des rebelles et l’application immédiate du programme DDR diminuera les tensions, je pense que ce n’est pas suffisant et surtout ils ne sont pas crédibles pour gérer la situation chaotique. La seule possibilité c’est que la France s’implique, prenne ses responsabilités pour stabiliser le pays mais pour cela, il faudrait d’abord qu’il y ait des contacts directs avec les rebelles. Or, pour ma part, je n’ai eu aucun contact direct avec des officiels français.

Tag(s) : #POLITIQUE TCHAD
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