Serge Abou Ouambi

Après plusieurs mois de grognement sous cape, la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC) est sortie de son mutisme vendredi dernier. Dans un communiqué de presse, elle a ouvertement exprimé son indignation face aux impertinences du pouvoir.  

 
A quelques mois de la tenue des échéances électorales conformément au calendrier établi par la CENI, les partis, membres de la CPDC commencent à découvrir des poils dans la blancheur du « lait » électoral. En effet, ils dénoncent entre autres, « la politisation et la militarisation de l’Administration publique, et l’utilisation à outrance des moyens et attributs de l’Etat aux fins de propagande électorale par le parti au pouvoir ». Selon la CPDC, le pouvoir MPS monopolise aussi bien les médias publics, les rendant dignes des temps des pires dictatures qu’a connues le pays. La CPDC décrie également l’adoption par des passages en force, des lois importantes prévues par l’Accord telles que, la loi sur la presse et la loi organique fixant le nombre de députés et leur répartition par département. Cette dernière loi est qualifiée d’inique, car violant le principe constitutionnel de l’égalité des citoyens. L’opposition démocratique réfute désormais la CENI, qui serait devenue «une simple chambre d’enregistrement et de validation des désidérata du pouvoir ». Ce qui, selon elle, remet en cause d’ores et déjà, la crédibilité des résultats qui émaneront de cette instance.
 
Malgré ces dysfonctionnements, la CPDC se veut encore confiante en appelant au maintien du consensus et à l’application optimale de l’Accord du 13 août. Elle demande de ce fait, au président de la République et à la communauté internationale, garants de l’application des dispositions du consensus, de prendre des mesures, afin d’améliorer l’environnement général, et de revoir les lois votées, voire imposées, de force. Enfin, selon son porte-parole adjoint, Saleh Kebzabo, signataire dudit communiqué, « la CPDC se réserve le droit de tirer toutes les leçons nécessaires ». Ce qui fait dire à un analyste de la scène politique que la portée de cette mise en garde n’est pas à minimiser.
 
Cette sortie en force de l’opposition radicale, vient confirmer les rumeurs selon lesquelles, l’opposition serait en train de négocier le report des échéances électorales qui, à ses yeux, seraient moulées dans un calendrier très étroit. La CPDC se retrouve ainsi prise pour la énième fois dans le piège toujours habile du MPS, son interlocuteur, dans l’Accord du 13 août 2007 et s’est laissée prendre dans sa naïveté exagérée. Dans cet imbroglio politique, le MPS risque de fausser les jeux et d’aller aux élections, seul. Ce qui ne serait pas crédible pour les échéances futures comme ce fut le cas en 2006. Et quelles conséquences pour le pays si ce scénario se révèle effectif au grand jour ? En attendant, le MPS prépare certainement une réplique de haut calibre et de nouvelles manigances, pour amener l’opposition radicale à revenir à de meilleurs sentiments.
 
Serge Abou Ouambi
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