"Toutes ces pratiques sont l'oeuvre de proches du pouvoir"

005042012152336000000hindaitnoLes finances publiques : le dérapage dans les finances publiques a commencé lorsque le gouvernement a dénoncé la Loi 001 pour s’approprier tous les revenus pétroliers. De 2002 à 2012, le budget national a été multiplié par plus de 10, passant de 120 milliards à 1.700 milliards. En 2007, les ressources nouvelles inscrites au budget étaient de 918 milliards. Pour la deuxième fois depuis l’indépendance, l’État a clôturé l’exercice avec un excédent de 228 milliards !!! Le gouvernement a rapidement présenté un collectif budgétaire pour réduire l’excédent à 55 milliards. Notre capacité d’absorption des revenus du pétrole a manifestement posé problème. Depuis, il n’est plus question d’excédent financier. Le gouvernement a inscrit le budget dans une optique de déficit pour justifier des dépenses de prestige, électoralistes, militaires… et les détournements de toutes sortes.

Le budget national connaît deux distorsions majeures :

Du côté des recettes, les objectifs des régies ne sont jamais atteints, ils se dégradent même d’année en année. Ceci s’explique par l’incompétence des responsables désignés à la direction de ces régies et par l’impunité des auteurs de détournements et autres pratiques mafieuses (ouverture de comptes privés pour y placer des ressources publiques). C’est ainsi qu’un des Directeurs des services des domaines s’est enfui au Canada il y a quelques années avec près d’un milliard de francs cfa transférés de l’un de ces comptes occultes vers son compte personnel à l’étranger, sans même que l’État Tchadien ne porte plainte. Toutes ces pratiques sont l’œuvre de proches du pouvoir. La récente décision du Ministre des finances de faire des chefs de bureau de douanes des percepteurs en lieu et place des régisseurs du Trésor laisse perplexe. Et son autorisation d’ouverture d’un compte dans une banque primaire à la direction des douanes, encore plus.

Du côté des dépenses, c’est l’opacité la plus totale. Les budgets votés par l’Assemblée Nationale sont des faire-valoir. Les engagements sont bloqués par le gouvernement jusqu’à un mois de la fin de l’année budgétaire. Les engagements des dépenses de fonctionnement sont alors autorisés pour un mois. Un collectif budgétaire doit alors permettre de consolider l’état de l’exécution du budget. Le budget n’est pas exécuté selon les normes des finances publiques. Le Président de la République peut alors ordonner des dépenses sur simple ordre de paiement, en dehors de la nomenclature de la comptabilité publique (Dépenses avant ordonnancement ou DAO, qui s’élèvent, de janvier à août, à 285 milliards de francs, selon la Loi de finances rectificative 2012). Depuis 5 ans, c’est un désordre total. La gestion des finances publiques dépasse l’entendement. Acheteurs et vendeurs de« Bons Administratifs » se rencontrent pour mener à bien leurs transactions. Il n’est plus question de l’État, mais du Chef de l’État. Ici encore, les proches du pouvoir excellent dans la recherche des avantages au « gré à gré » en présentant de simples papiers portant pour sésame la mention «  sur instructions du chef de l’État … ». A ce rythme, rien ne peut limiter les dépenses privées faites au nom de l’État. On comprend alors pourquoi, depuis l’entrée dans l’ère pétrolière, le gouvernement a renoncé à l’obligation de présenter à l’Assemblée nationale des lois de règlement. Cette situation indescriptible ne donne plus au FMI ou  à la Banque Mondiale de possibilité d’intervention ou de conseil sur la gestion des finances publiques au Tchad.

 

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